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La prévention: un enjeu majeur?

Avis de Psy
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La prévention: un enjeu majeur?
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Aujourd’hui, nous allons parler d’un sujet qui est peu évoqué, concernant les violences sexuelles et qui néanmoins parait essentiel : la prévention.

Crédit: Freepik

Une prévention très insuffisante

On l’a déjà vu, les sanctions dans le domaine de la lutte contre les violences sexuelles sont très insuffisantes, puisque moins de 1% font l’objet d’une condamnation en France, à l’heure actuelle. Du côté de la prévention, malheureusement, les résultats ne sont pas vraiment meilleurs. Par exemple, trois associations ont porté plainte contre l’Etat car l’Education Nationale ne respecte pas l’obligation des trois séances d’éducation sexuelle par an à l’école – séances où notamment, la question des violences sexuelles pourrait être abordée, dans une approche préventive.

S’il existe un éternel débat sur la manière de prendre en charge les comportements qui ne sont pas acceptés par la société – certains défendant une approche préventive, d’autres une approche répressive, le champ de la lutte contre les violences sexuelles, quant à lui, ne génère pas ce genre de débat. En effet, si peu de choses sont faites pour prévenir et pour sanctionner qu’il parait évident qu’il n’y a pas besoin de choisir. Il faut développer bien davantage les deux approches. Aujourd’hui, nous allons nous pencher uniquement sur la prévention.

Trois types de facteurs influencent les comportements

Certains facteurs peuvent favoriser le passage à l’acte dans la violence sexuelle ou au contraire prémunir l’individu de ce passage à l’acte. La prévention des comportements violents passe par une intervention sur les facteurs qui favorisent la violence. Il y a trois grands groupes de facteurs qui influencent les comportements humains en général : les facteurs biologiques, psychologiques et sociaux.

Le facteur biologique

Concernant les comportements violents, l’influence du facteur biologique est très complexe à délimiter pour plusieurs raisons. D’abord, si on en croit le Professeur Pierre Karli, parce que les comportements humains et notamment les comportements violents font appel à plusieurs gènes. Ensuite, parce qu’il y a, toujours selon le même auteur, une interaction permanente entre le facteur génétique et le facteur environnemental, si bien qu’il parait impossible de faire la part des choses entre l’un et l’autre. Donc si l’existence d’un facteur biologique ne peut être exclu, il est forcément intriqué aux expériences vécues dans l’environnement, depuis la grossesse jusqu’à l’âge adulte. Il parait donc difficile d’envisager une prévention qui se base sur la biologie. Précisons tout de même qu’il existe des médicaments pour traiter les auteurs de violence sexuelle, mais qui sont utilisés dans une approche curative.

Les facteurs sociaux et psychologiques intervenant dans les comportements violents ont quant à eux étaient beaucoup étudiés, ils sont bien connus. L’impact de ces deux types de facteurs a été prouvé dans de nombreuses études. Ce sont donc deux leviers de prévention.

Le facteur psychologique

Commençons par le plus évident, le facteur psychologique. On l’a vu dans le précédent Podcast sur les scénarios de vie – n’hésitez pas à l’écouter pour en savoir plus – qu’un des scénarios de vie possible pour l’enfant victime est le scénario de vie Agresseur. Ce n’est bien sûr qu’un scénario parmi d’autres. Subir des traumatismes au cours de l’enfance, mais aussi avoir dans son entourage des modèles de violence, constitue un facteur de risque de basculer dans la violence à l’âge adulte, et notamment la violence sexuelle. Une part des auteurs de violences sexuelles en ont subi eux même au cours de l’enfance, mais il est difficile de trouver des chiffres fiables pour quantifier cette proportion.

[…] La suite dans ce podcast.

SOURCES:

Articles:

Bohner G., & al. (1998). Rape myths as neutralizing cognitions: evidence for a causal impact of antivictim attitudes on men’s self-reported likelihood of raping. European Journal of Social Psychology, 28, 257–268

Court J.H. (1985), Sex and violence: a ripple effect, In N.M. Malamuth et E. Donnerstein (dir.), Pornography and sexual aggression. New York, Academic Press

Donnerstein E., (1980), Aggressive erotica and violence against women. Journal of Personality and Social Psychology, 39, 269-277

Fitzgerald L., Lonsway K., 1994

Karli P., Peut-on parler d’une biologie de la violence ? Académie Nationale de Médecine, séance du 25 novembre 2004

Malamuth N. et Check J.VP. (1984) Debriefing effectiveness following exposure to pornographic rape depictions Journal of sex research 20, 1-13

Rozée P. Forbidden or Forgiven? Psychology of Women Quarterly. 1993;17(4):499–514

Sanday PR. The Socio‐Cultural Context of Rape: A Cross‐Cultural Study. Journal of Social Issues. 1981;37(4):5‑27

Stille R.G., Malamuth N. et Schallow J.R. (1987), Prediction of rape proclivity by rape myth attitudes and hostility toward women. Communication présentée au congrès de l’American Psychological Association

Livres:

Psychologie sociale, David G. Myers, Luc Lamarche, Ed Chenelière/ McGraw-Hill, Montréal – Toronto, 1992

Lolita, Vladimir Nabokov, Ed. Gallimard, 1955

Sur Internet:

https://simonae.fr/articles/expliquez-culture-du-viol

https://antisexisme.net/

https://www.huffingtonpost.fr/life/article/la-culture-du-viol-expliquee-par-la-dessinatrice-emma

https://www.memoiretraumatique.org/

https://gazettedesfemmes.ca/20326/leducation-sexuelle-contre-la-culture-du-viol/

Télévision :

Cécile Delarue, La fabrique du mensonge, France 5, 2023