Nous allons parler aujourd’hui de trois concepts, trois théories très influentes, qui ont impacté notre rapport aux récits de violence sexuelle sur les enfants, et qui continuent d’inspirer de nos jours les décisions prises pour protéger ou ne pas protéger les enfants. Ces trois théories, des professionnels y font encore référence dans les tribunaux, dans les hôpitaux, dans les commissariats. Il convient donc de les présenter en précisant le contexte historique dans lequel ces trois conceptualisations ont émergé. Il s’agit aussi de confronter ces théories à la méthodologie scientifique, pour voir si elles y répondent, si elles sont ou non valides. Commençons par la plus ancienne des trois : la théorie du Complexe d’Œdipe.
Le Complexe d’Œdipe
Quand il a commencé son travail auprès de femmes hystériques, Sigmund Freud a été frappé par la proportion importante de patientes relatant des incestes. Il a dans un premier temps pris en compte la parole de ses patientes et a créé une première théorie, la Neurotica, où Théorie de la séduction. Elle apparait en 1896, dans les Etudes sur l’hystérie, publié avec Breuer. Selon ces deux auteurs, l’origine des psychonévroses serait une séduction ou une agression sexuelle dont les patients auraient été victimes au cours de l’enfance, avant la puberté.
Mais Freud a rapidement désavoué ce premier travail, en abandonnant sa Neurotica (donc cette théorie de la séduction) en 1897, seulement un an après.
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SOURCES
Complexe d’Œdipe
Sigmund Freud, Joseph Breuer, Etudes sur l’hystérie, PUF, 1896
Sigmund Freud, Trois essais sur la théorie sexuelle, Payot, 1905
Karl Popper, La logique de la découverte scientifique, Paris, Payot, 1934
Citations:
Freud, The Complete Letters of Sigmund Freud to Wilhelm Fliess 1887-1904, p. 230 et 231 (lettre du 11 février 1897):
Malheureusement mon propre père était un de ces pervers, il est cause de l’hystérie de mon frère (dont les symptômes sont dans l’ensemble des processus d’identification) et de certaines de mes sœurs cadettes. La fréquence de ce phénomène me donne souvent à réfléchir.
Sigmund Freud, The Complete Letters of Sigmund Freud to Wilhelm Fliess 1887-1904, p. 264 (lettre du 21 septembre 1897):
Je vais donc commencer par le commencement et t’exposer la façon dont se sont présentés les motifs de ne plus y croire […] Puis la surprise de constater que, dans tous les cas, il fallait accuser le père de perversion, le mien non exclu.
Sigmund Freud, Naissance de la psychanalyse, P.U.F. 1969, .p.158, 159 :
« l’hystérie me semble toujours davantage résulter de la perversion du séducteur (…) Il s’agit en effet dans l’hystérie plutôt du rejet d’une perversion que d’un refus de la sexualité. »
Syndrome des faux souvenirs
Elisabeth Loftus, Les faux souvenirs, Pour la Science, 1997
Elizabeth F. Loftus et Katherine Ketcham, Le syndrome des faux souvenirs, trad. Yves Champollion, Paris, Exergue, 1997
https://fr.wikipedia.org/wiki/Peter_Freyd
Syndrome d’aliénation parentale
Citations :
Richard Gardner, True and false accusations of child sex abuse :
« la pédophilie a été considérée comme étant la norme par la vaste majorité des individus dans l’histoire du monde »[ et il s’agit là] « d’une pratique largement répandue et acceptée parmi littéralement des milliards de personne. »
« Par conséquent, le syndrome d’aliénation parentale n’est pas listé dans le Manuel diagnostique et statistique des troubles mentaux (DSM) de l’Association américaine de psychiatrie. Il est rejeté de la Classification internationale des maladies de l’Organisation mondiale de la santé et son utilisation vivement déconseillée par le Conseil de l’Europe en raison de ses effets pervers sur les femmes et sur les enfants victimes d’abus sexuels de la part de leur père. »